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AFP - THIERRY ZOCCOLAN
Le 14 juin à Pau, plus d'un millier de manifestants ont dénoncé l'industrialisation massive des forêts françaises, portée par des projets bioénergétiques controversés. Associations écologistes, collectifs citoyens et élus, réunis derrière Forêts Vivantes Pyrénées (FVP), réclament un moratoire immédiat sur ce qu'ils appellent la « destruction organisée » du couvert forestier.
En ligne de mire : la construction d'une usine de kérosène de synthèse par l'entreprise Elyse Energy, qui avalerait chaque année deux millions d'arbres pour produire 500 000 tonnes de bois.
À Pau, le cortège déguisé en animaux de la forêt ne manquait pas d'humour, ni de sérieux. Si les industriels considèrent le bois comme une énergie renouvelable, ce serait une idée fausse, explique Canopée : « Outre le fait que sa combustion émet plus de CO2 que le charbon, la capacité de séquestration des forêts met du temps à se renouveler ». Un avis que partage le Shift Project, qui a démontré que le e-kérosène d'Elyse Energy aurait un impact carbone supérieur au kérosène fossile. Le projet, pourtant soutenu par l'État à hauteur de 100 millions d'euros via le plan France 2030, illustre une politique où l'industrie prime sur la préservation des écosystèmes, selon les organisateurs.
« Jusqu'ici, notre mobilisation était locale. Dorénavant, elle sera nationale et européenne […] Nous allons passer de la concertation à la confrontation », a prévenu Jacques Descargues de FVP. Selon Reporterre, présent sur place, c'est toute une logique de croissance verte qui est aujourd'hui contestée. Face à l'extension des projets de centrales à biomasse ou d'usines de granulés, les militants prônent une sylviculture douce, une réelle planification écologique et, si nécessaire, la désobéissance civile. « On ne fait pas voler des avions en rasant des forêts », résume le militant Thomas Brail.